Si certains définissent l’ingratitude comme un simple manque de reconnaissance, l’Islam, lui, la considère comme un véritable péché : un refus délibéré de reconnaître la générosité et la bienveillance d’un bienfaiteur.
Le week-end dernier, fidèle à ses habitudes, le président de la Fédération Guinéenne de Football s’est une nouvelle fois attaqué à M. Antonio Souaré lors de son passage au Centre Technique de Nongo.
Une sortie inopportune qui révèle, encore une fois, une profonde adversité injustifiée, notamment envers un homme qui, dans des moments critiques, a tendu la main à son club et à sa personne.
Le 30 décembre 2019, alors que l’AS Kaloum traversait une épreuve tragique avec le décès de son entraîneur brésilien Antonio Dumas, c’est bien Antonio Souaré qui a pris en charge, dans son intégralité, le rapatriement du corps vers le Brésil. À l’époque, Bouba Sampil et son club faisaient face à de lourdes contraintes financières, incapables d’organiser ce retour. Ce geste humanitaire a marqué les esprits au sein de l’AS Kaloum.
Devant la presse, son représentant officiel, M. Aboubacar Touré « Bouba Three », a publiquement exprimé sa gratitude envers le propriétaire du Horoya AC à la morgue de l’hôpital Ignace Deen. Les preuves audio visuelles existent toujours et restent une mémoire indélébile de cet acte de générosité.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Quelques mois plus tard, en 2020, alors que l’AS Kaloum exprimait son souhait de participer à la Coupe de la Confédération Africaine de Football (CAF) après le retrait du Wakriya AC, c’est encore Antonio Souaré qui a permis au club d’honorer cette opportunité.
À cette époque, le ministère des Sports avait pris la décision de ne plus financer les clubs professionnels pour les compétitions interclubs de la CAF. Pris de court et dans l’incapacité d’assurer les frais de voyage et d’hébergement de son équipe, Bouba Sampil a, une fois de plus, bénéficié du soutien inconditionnel du patron du football guinéen.
Antonio Souaré a ainsi émis des billets d’avion Conakry-Nouakchott pour la délégation de l’AS Kaloum, en plus de lui remettre une enveloppe conséquente afin de couvrir les frais d’hébergement et de restauration en Mauritanie. Ces faits sont vérifiables, les archives étant toujours disponibles auprès de l’agence Barry Voyage. Malgré ces efforts et cet appui sans faille, l’AS Kaloum a été éliminée par Tevragh Zeina.
À l’issue de cette aventure, Bouba Sampil a exprimé sa reconnaissance à son « grand frère » Antonio Souaré, une reconnaissance qui, comme à son habitude, fut de bien courte durée.
Car il est clair qu’en Guinée, l’habitude devient une seconde nature. Et ici, l’oubli et l’ingratitude semblent être devenus des principes.
Pourtant, le bilan sportif d’Antonio Souaré est sans appel : trois médailles de bronze, quatre places offertes à la Guinée dans les compétitions interclubs de la CAF, l’organisation réussie de compétitions zonales, et une gestion impeccable de plusieurs structures essentielles telles que la Direction Technique Nationale, le Centre Technique de Nongo et la Ligue Guinéenne de Football Amateur.
Quant à la question des infrastructures, il est impératif d’apporter des clarifications aux soutiens de Bouba Sampil. Seul le siège de la Fédération Guinéenne de Football a été inauguré sous feu Salif Camara « Super V ».
Pourquoi le Centre Technique de Nongo n’a-t-il pas été finalisé et inauguré sous sa direction ? Une question qui mérite d’être posée. Il a fallu l’arrivée d’Antonio Souaré pour que ce centre soit achevé et opérationnel, permettant ainsi à la Fédération Guinéenne de Football de percevoir la subvention de la FIFA.
D’ailleurs, qu’on se le dise : le siège de la Fédération, le Centre Technique de Nongo et l’hôtel du Syli National font partie des projets financés par le programme FIFA FORWARD. Mais avant l’arrivée d’Antonio Souaré en 2017, ces fonds avaient mystérieusement disparu, les travaux étant stoppés net.
Plutôt que de s’acharner sur Antonio Souaré, Bouba Sampil et ses acolytes devraient se tourner vers les véritables responsables : les membres du Comité Exécutif qui, en 2016, ont évincé « Super V » lors de la crise des frondeurs. Il est toujours plus facile de détourner l’attention que d’assumer les réalités.
Aujourd’hui, ironie du sort, Bouba Sampil lui-même est contesté par les siens. Il aura fallu l’intervention du Comité Olympique pour calmer les tensions et éviter une implosion au sein de son propre camp.
Bouba Sampil peut choisir d’ignorer les bienfaits d’Antonio Souaré. Mais par respect pour la mémoire collective et l’histoire du football guinéen, il devrait au moins garder le silence. Car après l’élimination humiliante du Syli National pour la CAN, le peuple de Guinée mérite mieux que des règlements de comptes stériles et des attaques injustifiées.
Il est temps que les Guinéens prennent conscience de la nécessité d’une mémoire collective digne et objective. Le football guinéen ne peut avancer si les actions de ses bienfaiteurs sont effacées ou minimisées au gré des intérêts personnels et des rivalités mal placées.
Les faits sont là, incontestables. Antonio Souaré a œuvré pour le développement du football guinéen avec des résultats concrets, tant sur le plan sportif qu’institutionnel. Il a relevé un football national marqué par des incohérences structurelles et des financements détournés, mettant en place des réformes qui ont permis à la Guinée de retrouver une place honorable sur la scène continentale.
Le Centre Technique de Nongo, l’hôtel du Syli National, ainsi que les nombreux efforts d’optimisation de la gestion du football local ne sont pas le fruit du hasard. Ce sont les résultats d’un leadership visionnaire, d’un engagement personnel et financier dont la Guinée a bénéficié sans précédent.
Pendant des années, Bouba Sampil a profité du soutien d’Antonio Souaré. Aujourd’hui, il choisit d’effacer ce passé et d’alimenter des querelles inutiles. Mais que restera-t-il de son propre bilan ? Qui pourra témoigner, documents à l’appui, de son apport décisif au football guinéen ?
En réalité, les véritables bâtisseurs ne sont pas ceux qui parlent le plus fort. Ce sont ceux dont l’héritage est visible, tangible, indiscutable.
Le peuple de Guinée de la mémoire, et malgré toutes les tentatives de dénigrement, les archives, elles, ne mentent pas.