Un bras de fer juridique et institutionnel secoue actuellement le monde du basketball en Guinée. Le Ministre de la Jeunesse et des Sports, par une série de décisions controversées, tente de s’immiscer dans la gouvernance de la Fédération Guinéenne de Basketball (FGBB), suscitant un tollé au sein de la communauté sportive.
Tout a commencé avec la décision N°0623 émise par le Ministre des Sports, laquelle a ordonné la création immédiate d’un comité ad hoc chargé d’examiner les statuts et d’organiser le prochain congrès électif de la FGBB. Cette démarche est perçue par le comité exécutif actuel comme une violation flagrante des textes en vigueur, qui stipulent que seul le Secrétaire Général de la fédération en place a le pouvoir de convoquer une assemblée générale avec des membres statutaires éligibles.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Keamou Bogola HABA, est allé plus loin en émettant de nouveaux communiqués, datés du 15 septembre 2024, pour renforcer son contrôle sur la gouvernance du basketball guinéen.
Selon les responsables de la FGBB, il s’agirait d’une tentative d’usurpation de pouvoir orchestrée en collaboration avec le bureau régional de FIBA Afrique. Ce bureau, n’ayant pas la personnalité juridique pour prendre des décisions contraignantes, est accusé d’agir sans l’aval de FIBA MONDE, ce qui rendrait ces décisions nulles et non avenues.
Réactions et contestations :
Les responsables de la FGBB ont réaffirmé que, selon les statuts en vigueur, la convocation des assemblées Générales ordinaires et extraordinaires relève exclusivement du secrétaire général de la Fédération. Ils s’appuient sur les articles 17 et 41 desdits statuts, qui définissent clairement les procédures et les responsabilités en matière de gouvernance.
De plus, les articles 16, 25 et 27 des statuts de la FGBB spécifient que la modification des textes et la conduite des élections doivent être effectuées par l’assemblée générale et les commissions désignées par le comité exécutif. Ces dispositions garantissent la transparence et l’indépendance de l’organisation, loin de toute interférence externe.
Recours juridique :
Face à ce qu’il considère comme une ingérence politique, le secrétaire général de la FGBB a annoncé son intention de contester les décisions ministérielles devant le Tribunal Arbitral du Sport, conformément aux statuts de la FGBB et de la FIBA. Il se dit résolu à défendre l’autonomie de la fédération, estimant que seule une juridiction spécialisée peut trancher ce différend.
Les statuts de la FIBA et de la FGBB, notamment les articles 1.3, 9.5, 9.7 et 14, précisent que les associations membres doivent gérer leurs affaires en toute indépendance et empêcher toute intervention de tiers. En s’appuyant sur ces dispositions, la FGBB espère obtenir gain de cause et faire annuler les décisions du ministère.
Conséquences et enjeux :
Cette crise risque de porter un coup dur au développement du basket-ball en Guinée. Si la situation n’est pas rapidement résolue, la Guinée pourrait se retrouver sanctionnée par la FIBA, ce qui mettrait en péril la participation de ses équipes nationales aux compétitions internationales.
Par ailleurs, ce conflit illustre un problème récurrent dans la gouvernance des fédérations sportives africaines, où les ingérences politiques minent souvent l’indépendance des structures sportives. Pour la FGBB, l’enjeu est de taille : il s’agit de préserver son autonomie, de garantir la légitimité de ses instances et d’assurer une gestion indépendante.
La situation reste tendue, et l’issue de ce conflit dépendra de la capacité des parties à trouver un terrain d’entente, soit par le dialogue, soit par l’arbitrage judiciaire. Le monde du basketball guinéen, quant à lui, reste suspendu aux décisions à venir, avec l’espoir d’un retour à la stabilité institutionnelle.