Kabinet Diawara est le président fondateur de la marque 2KD-Nikoten. Dans cet entretien accordé à Stades, le jeune entrepreneur guinéen fait la genèse de la marque, revient sur ses débuts difficiles, se projette sur l’avenir avec un entretien réalisé par le site web sénégalais ‘‘Stades.SN’’
Comment vous est venue l’idée de créer la marque ?
2KD-Nikoten est une marque de vêtements de sport créée en 2015 à Accra. Après une année passée au Ghana, je suis rentré en Guinée pour la promotion et le développement du projet. L’idée de créer la marque m’est venue dans un bus, au moment de rejoindre Accra via Abidjan. Comme je n’ai pas eu la chance de réaliser mon rêve de devenir un footballeur professionnel, il fallait faire quelque chose pour rester dans le milieu du sport en général et du football en particulier.
Pourquoi le nom 2KD-Nikoten ?
C’est la combinaison de mes initiales et celles de ma mère. Ma mère s’appelle Kadiatou Diané et moi Kabinet Diawara. Comme on l’a créé à Accra, on a préféré garder le côté anglais. Pourquoi Nikoten ? Un jour, ma mère m’avait demandé : «Penses-tu pouvoir réussir dans ça ?». Je lui ai répondu par oui. Elle m’avait alors balancé en langue malinké : «Nikoten wama». (Si tu le dis, vas-y alors !). C’est pourquoi j’aime appeler cette marque, la marque de l’espoir et de l’histoire. Espoir, parce qu’il fallait réussir pour être indépendant. Histoire, parce que cette marque me lie avec ma mère.
Avez-vous rencontré des difficultés au début ?
J’ai démarré l’aventure avec 6 tee-shirts que je portais souvent avec mon cousin au Ghana. J’avais du mal à produire beaucoup d’articles. J’avais aussi des problèmes de formation. Les gens ne m’encourageaient pas. J’ai parlé de mon projet à un ami. Il m’avait répondu : «Laisse tomber, tu n’es pas une star !». «Tu n’es pas un footballeur professionnel ! Donc pourquoi on va porter ta marque ?». Vous savez, la consommation locale n’est pas favorisée en Afrique et notamment en Guinée. Il fallait donc aller vers les artistes, les stars… pour la communication. Ce qui demande des moyens. Pour vendre l’image de la marque, j’ai confectionné des articles que j’avais même partagés gratuitement à Dakar (Sénégal).
Qu’est-ce qui vous différencie des autres ?
La passion, l’ardeur, l’abnégation, la qualité et les prix. Nos produits sont les moins chers sur le marché guinéen. On s’est lancé dans la fabrication des sacs, casquettes, des gourdes de sport, tenues de sport, survêtement… On a aussi des ballons hybrides. Le Milo FC a joué avec nos ballons en compétition africaine. C’est certain que d’ici deux ans, on aura plus de produits.
Travaillez-vous avec des clubs guinéens ?
J’ai habillé Milo FC de Kankan (2021-2022). Je travaille avec pas mal d’académies et d’écoles de football. C’est le cas de Sabou FAC, Niandan FC… Je suis le 1er équipementier guinéen à avoir habillé le couple présidentiel et le premier ministre, lors de la dernière CAN au Cameroun. Le ministre de la Jeunesse et des Sports et d’autres personnalités de la Guinée ont aussi porté ma marque…
Le Guinéen lambda adhère-t-il au projet ?
La marque est la plus convoitée en Guinée lors des grands évènements sportifs. Les gens apprécient nos produits. Il est rare de sortir en ville sans croiser quelqu’un portant notre marque. J’avais même croisé une fois dans un métro en Turquie un jeune qui portait la marque. On souhaite avoir un appui de l’État ou des investisseurs pour qu’on puisse mettre sur pied une unité de production. Cela va nous permettre de satisfaire à 100% les besoins de nos consommateurs.
Habiller les équipes nationales guinéennes, vous y pensez ?
C’est mon objectif principal. Je l’ai dit en 2016 sur le plateau de la Radiotélévision guinéenne. «Je veux enlever Ernest (marque de l’époque) sur le maillot de la Guinée». C’était ma réponse sur une question. J’ai eu à adresser un courrier à la fédération pour manifester ma présence. J’ai ce rêve depuis 2015 et je continue encore d’en rêver. C’est une question de temps, parce que ça viendra un jour. Là, je suis en train de travailler sur l’arrivée de Ronaldinho en Guinée (10-11 mars 2023). Je dois faire les maillots. Je suis aussi en train de préparer les designs de la prochaine CAN (Côte d’Ivoire 2024). À court et long terme, je vise les plus grands clubs du pays, de la sous-région…
Avez-vous déjà des représentants à l’étranger ?
On a des représentants en France, en Chine, en Thaïlande, au Maroc, en Turquie, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Mali. Ces derniers sont chargés de prendre les commandes et de nous les transmettre. On pense aussi au Sénégal et aux autres pays de l’Afrique de l’Ouest.
Par Abdoulaye Dièye du site www.stades.sn (Sénégal)